'Omras du Tawhid à la Mecque et à Médine Pèlerinages inclusifs aux sources de l'islam VERSION ANGLAISE, CLIQUEZ ICI SVP ENGLISH VERSION, CLICK HERE PLEASE |
En
2012 déjà, nous avions
été plusieurs à avoir voulu vivre
ensemble une retraite spirituelle ainsi
qu’une quête culturelle, aux racines de notre foi
islamique, en compagnie de
sœurs, de frères, d'adelphes musulman-es
inclusifs. L’objectif premier de ce voyage (qui
s’est
déroulé du 8 au 18 juin 2012 pour la
1ère 'Omra et du 23 décembre 2024 au 3 janvier
2025, pour la 2ème 'Omra du Tawhid), à la Mecque
et à Médine, a été de
permettre aux
participant-es de vivre une expérience unique, en
réalisant le plein d’énergie
positive, aux sources de notre culture islamique.
Notre groupe inclusif de la « 'Omra du Tawhid » a été composé de musulman-es d’origine européenne, nord africaine et nord américaine ; des musulman-es inclusifs, progressistes, réformistes, partisan-es d’une représentation de l’islam apaisée, égalitaire et non sexiste. En 2012, nous avons été accompagné-es dans cette quête, alhamdouliAllah ("grâce en soit rendue au Seigneur des Univers"), par une grande femme de l’islam contemporain : Dr. Amina Wadud - théologienne, imame et Hadja, qui tout au long de se voyage avait incarné ce partage apaisé de la quête spirituelle islamique. Voilà ce que fut l’histoire de notre pèlerinage inclusif aux sources de la libération islamique…
Seconde 'Omra Inclusive du Tawhid
- 2024 |
DIAPORAMAS La Mecque Médine Jeddah ___________________ RETOUR HAUT DE PAGE |
Première 'Omra Inclusive du Tawhid - 2012 |
DOCUMENTAIRE "Omra du Tawhid" (2012 - versions française et anglaise), retraçant notre quête spirituelle et culturelle aux sources de l'islam. |
Télécharger les textes du blog de voyage et la présentation de la 'Omrah du Tawhid 2012 ici Dans l’espoir que ce témoignage de notre quête spirituelle aux sources de la libération islamique, puisse inspirer ceux/celles qui craignent d’accomplir leur pèlerinage, de ne plus hésiter à cheminer ainsi vers Allah. ___________________ RETOUR HAUT DE PAGE |
Nous sommes le jeudi 7 juin 2012 ; c’est le 18e jour du mois lunaire de la paix : Radjab. Amina Wadud est arrivé ce matin sur Paris, depuis San Francisco. Elle passera la nuit avec nous, afin que nous partions tou-tes ensemble depuis Paris vers Médina, en Arabie Saoudite. Après une courte sieste afin de récupérer du décalage horaire entre l’Amérique du nord et l’Europe, Amina et le reste de notre groupe se réunit avec quelques-uns de nos ami-es et de nos proches pour dîner tou-tes ensemble, afin de célébrer conformément à la tradition notre départ imminent pour la Terre Sainte. Farida nous prépare quelques plats nord africains. L’ambiance bat sont plein ; nous passons la soirée à discuter de choses et d’autres. Après la prière du soir que nous accomplissons ensemble, nos proches finissent par rentrer chez eux. Nous nous endormons en ayant à l’esprit qu’une seule nuit nous sépare désormais de notre rencontre avec la Ka’aba : cette relique historique, cet artefact noir, à la forme géométrique symbolique, qui nous remémore tout ce qu’il y a de plus sacré dans les espoirs et les idéaux de notre humanité. Le lendemain matin, après la prière de l’aube et un petit-déjeuner léger, notre groupe se réunit autour d’Amina Wadud afin de prier tou-tes ensemble sur le pas de la porte. Puis nous prenons la route de l’aéroport Charles-De-Gaulle, qui se situe non loin de là. Quelques heures plus tard, nous prenons le vol de la mi journée avec la Jordanienne à destination d’Amman. Le vol se passe sans encombres ; nous survolons l’Europe de l’est, la méditerranée, avant d’arriver en vue de la Palestine puis du désert Jordanien. Nous survolons la mer morte, avant d’atterrir à l’aéroport d’Amman. Après les contrôles d’identité d’usage pour tous passagers en transit - les voyageurs de nationalités nord-africaines ne règlent aucun frais de visa -, nous sommes autorisé-es à sortir pour visiter la capitale. Nous prions à la mosquée de l’aéroport avant le coucher du soleil ; puis nous prenons le bus de 20h pour le centre ville. Là, certains d’entre nous, qui connaissent déjà les lieux, nous conseillent un restaurant parmi les meilleurs de toute la ville : Al-Quds (« Jérusalem »). Nous dînons de plats traditionnels succulent, tel que le mansaf : un plat composé de riz jaune enduit de beurre, de bœuf et de lait caillé… Avis aux amateurs. Nous dégustons quelques pâtisseries orientales, avant de nous installer à la terrasse d’un café qui surplombe le centre ville, afin de fumer une chicha en écoutant un orchestre de musique arabe. Après ces quelques heures de détente bien méritées, au vue des mois de stress pour préparer ce pèlerinage inclusif, nous reprenons la route de l’aéroport où notre avion décolle à 2h du matin.
Après deux heures de vols, nous arrivons directement à l’aéroport de Médine, exténué-es tout autant que formidablement excité-es par les découvertes qui nous attendent. Qui plus est, bien que certain-es d’entre nous ai déjà effectué un voir plusieurs pèlerinages - certains en sont à leur cinquième -, c’est la première fois que nous participons à une telle aventure au sein d’un groupe aussi divers et motivé. A notre descente de l’avion, après avoir effectué la prière de l’aube, un mini bus qui a été réservé par notre agence parisienne nous conduit à notre hôtel en centre ville. L’établissement Ishraq Al Madinah est situé à quelques centaines de mètres à peine de l’une des portes principales du Haram al-Madani - un terme qui fait référence tout à la fois à l’interdit et au sanctuaire. Le Haram, à Médine, c’est la sainte mosquée englobant le tombeau de note bien aimé Prophète Mahomet , construite sur l’emplacement de son ancienne demeure et de l’une des premières mosquées de l’islam. A l’hôtel, nous découvrons des chambres spacieuses avec tout le confort nécessaire pour y passer quatre jours dédiés à l’adoration et à la méditation. Après une sieste qui durera jusque peu avant la prière de la mi-journée, nous prenons une douche, revêtons nos habits blancs de pèlerins et nous décidons tou-tes de prendre la route du Haram. Nous passons les portes majestueuses de la grande Mosquée, par une chaleur torride, et nous découvrons un intérieur chichement décoré, digne des plus beaux monuments au monde : les piliers ornés d’or, les plafonds ornementés de stucs, les mûrs recouvert des marbres les plus délicats… Une débauche de luxe qui est critiquée par plus d’un-e musulman-e qui se rend en visite dans ces lieux saints par abnégation, pour se recueillir aux sources de la tradition liturgique islamique. Cela étant dit, la climatisation de l’ensemble des lieux saints est un luxe dont on aurait bien du mal à se passer en plein désert saoudien. Après la prière du dohr, nous nous rendons en face de la mosquée, dans le centre commercial le plus proche afin de nous restaurer. Là encore, nous apprécions la cuisine locale, faite généralement de viande et de salades variées. Puis certains décident de retourner prier à la mosquée, d’autres retournent se rafraîchir à l’hôtel, alors que d’autres enfin décident de commencer dès maintenant à faire leurs emplettes : Médine est connue depuis des siècles pour son commerce florissant, important des quatre coins du monde islamique les plus précieuses étoffes, les bijoux les plus chers.
Toutes les photos de l'extérieur du Haram de Médine, cliquez ici En fin d’après-midi, puisque la visite au tombeau du Prophète est régie par des règles de stricte ségrégation des sexes, les hommes de notre groupe décident de profiter de l’après-midi pour hommage à notre Prophète Mahomet et à ses plus fidèles compagnons, Abu Bakr et ‘Omar, Allah soit satisfait d’eux, enterrés à ses cotés : اللهم صل على محمد وعلى آل محمد كما صليت على ابراهيم وعلى آل ابراهيم وبارك على محمد وآل محمد كما باركت على ابراهيم وعلى آل ابراهيم في العالمين انك حميد مجيد « Seigneur,
prie sur Muhammad et sa famille
comme Tu as prié sur Abraham et sa famille. Tu es certes
Digne de
louange et Majestueux.
Toutes les photos de la mosquée du Haram de Médine, cliquez ici Entre la prière du soir, Al-maghrib, et celle de la nuit, al-‘isha, la plupart d’entre nous passent leur temps libre au Haram, généralement afin de lire les versets du Coran ; en cela, certain-es aide ceux de notre groupe qui ont plus de difficultés à déchiffrer l’arabe. Ce sont là des moments exceptionnels, inoubliables, d’une fraternité et d’un recueillement sans pareil. Après un repas frugal, nous retournons à l’hôtel afin de dormir tout notre soûl : ivres de sommeil que nous sommes après tant d’efforts. Le lendemain matin vers 4h, nous reprenons le chemin de la mosquée. Il est impressionnant de voir que nous sommes des milliers à converger vers le Haram, en cette heure si matinale, afin de nous prosterner au même moment devant l’Éternel notre Dieu, au rythme des allahou akbar scandés par la foule des croyant-es en communion. Nous passons ainsi trois jours et quatre nuits à Médine, où notre quotidien est rythmé par les prières, les repas pris ensemble, la méditation et pour certain-es le shopping. Avant de quitter la ville sainte du Prophète , nous visitons également le marché aux dattes, puis la « mosquée des deux qiblah » - lieu vers lequel on prie - : Masjid al-Qiblataïn. En effet, la première qiblah n’était pas La Mecque mais était al-Quds - Jérusalem -, direction vers laquelle Bilal l’africain noir − qu’Allah l’agrée −, compagnon et premier muezzin de l’Histoire, appelait les musulman-es à la prière. Puis, après plus de dix ans de prosternations tourné-es vers Al-Quds, Allah − Exalté soit-Il − ordonna durant la deuxième année de l’Hégire, de changer de direction pour celle que l’on connaît actuellement, la Mecque : قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاء فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ وَإِنَّ الَّذِينَ أُوْتُواْ الْكِتَابَ لَيَعْلَمُونَ أَنَّهُ الْحَقُّ مِن رَّبِّهِمْ وَمَا اللّهُ بِغَافِلٍ عَمَّا يَعْمَلُونَ « Nous t'avons vu souvent interroger le ciel du regard. Aussi t'orientons-Nous dorénavant vers une direction que tu agréeras sûrement. Tourne donc ta face vers la Mosquée sacrée [de la Mecque] ! Et vous, croyants, où que vous soyez, tournez-vous dans cette même direction ! Quant à ceux qui ont reçu l'Écriture, ils savent parfaitement que cette vérité émane du Seigneur qui n'est point inattentif à leur comportement » (Coran : 2.144).
Le lundi 11 juin 2012, nous prions une dernière fois au Haram de Médine, avant de retourner à l’hôtel pour nous revêtir de nos habits de pèlerins spécifique à l’accomplissement, à la Mecque, des rites qui sont le cœur du pèlerinage de la ‘Omra. Les hommes du groupe revêtissent ainsi les deux voiles blancs traditionnels : al-rida et al-izar, sans rien porter d’autre qu’une ceinture et des sandales, afin de symboliser le dénuement de l’être humain au cours de cette existence face à la majesté d’Allah ; les femmes de notre groupe, elles, s’habillent tout de blanc. En début d’après-midi, nous prenons la route par une chaleur de près de cinquante degré Celsius à l’ombre, au milieu d’un paysage lunaire, fait de poussière et de roc. Notre minibus nous conduit tout d’abord, sur la route vers la plus sainte des villes de l’islam, à la mosquée de Abyar ‘Ali - « les puits d'Ali » - à Dhul Hulayfa ; c’est le miqat - le point de départ du pèlerinage à la Mecque à proprement parlé - pour ceux et celles qui viennent de Médine ; sur la route, nous commençons à prier tel qu’il est recommandé de le faire : لبيك اللهم لبيك لبيك لا شريك لك لبيك ان الحمد والنعمه لك والملك لاشريك لك « Je
T'obéis, ô Seigneur, je T'obéis, Tu
n'as pas d'associé, je T'obéis sûrement, Mosquée Abyar 'Ali Après une courte prière de deux rak’at - prosternations - dans cette superbe mosquée, nous reprenons la route vers la Mecque, où nous arrivons peu après le coucher du soleil. Dans cette ville surpeuplée en raison des pèlerins, surtout au moment du grand pèlerinage du hadj que nous n’effectuerons pas cette année, l’hôtel Al-Mohadjireen est situé plus loin du Haram al-Meqi : la plus sainte des mosquées de l’islam. Nous découvrons aussi que les chambres sont plus exiguës et moins propres. Mais nous ne nous attardons pas : après une rapide douche, notre groupe part pour le Haram afin d’y répondre à l’Appel à la prière. Ô Seigneur, nous répondrons bientôt à ton appel universel : وَأَذِّن فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالاً وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِن كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ « Et fais aux gens une annonce pour le Hajj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute
monture, venant de tout chemin
éloigné » Sur la route, nous devons contourner de nombreuses ruelles condamnées pour travaux ; en raison de l’énorme afflux de pèlerins ces dernières décennies, la Mecque est en effet un chantier permanent : des quartiers historiques entiers sont malheureusement rasés pour construire de nouveaux hôtels plus gigantesques les uns que les autres. Une fois enfin arrivé-es sur la grande place qui fait face au Haram, là dans une atmosphère incroyablement emprunte de recueillement et ce malgré les centaines de milliers de pèlerins, nous pénétrons dans le saint des saints par la porte monumentale la plus proche de notre hôtel.
Toutes les photos de la mosquée du Haram à la Mecque, cliquez ici Nous longeons l’allée centrale de la mosquée, avant discerner au bout la cour centrale où se trouve la Kaa’ba que nous ne voyons pas encore distinctement. Nos cœurs s’accélèrent ; l’émotion est palpable au sein de notre groupe. Nous finissons par apercevoir la Chambre de Dieu ! Nous nous avançons sur la place centrale, en nous tenant les un-es aux autres à la queue leu-leu, faisant attention à ne pas nous perdre au milieu de cette marée humaine qui effectue, en même temps que nous, ces sept circonvolutions rituelles - tawaf - autour de la Ka’aba. A chacun de nos passages, nous saluons de la main la Pierre noire : cette météorite probablement tombée du ciel au moment de l'antiquité, qui fut des millénaires durant, dit-on, le symbole du don d’Allah aux peuplades arabes. Durant le tawaf autour de la Ka’aba, nous ressentons le magnétisme très fort de cette relique historique, complètement vidée désormais, débarrassée des superstitions ancestrales. Autrefois en effet, la Ka’aba était utilisée afin d'exposer les plus de trois cent statues des dieux du panthéon Arabe. Aujourd’hui, les intentions des musulman-es, en principe, sont purifiées ; comme dans le témoignage prononcé par chaque musulman, la ilaha illa Allah - « il n’y a aucun Dieu… A part le Divin » ! C'est ce vide physique qui permet un sacrifice pourtant plein de spirituel ; le sacrifice du renoncement à une part de nos superstitions humaines, pour l’amour de Dieu, en miroir de l'amour que nous portons à notre humanité. Une fois nos circonvolutions accomplies, nous prions brièvement derrière le monument dédié aux pères de tous les prophètes et prophétesses sémites : Ibrahim (le « père d'une multitude de Nations »), qui aurait laissé l’empreinte de ces pas dans la glaise lorsqu’il bâti la Ka’aba avec son fils Ismaël. Puis nous courons entre les deux collines, aujourd’hui parties intégrantes des lieux saints : les collines de Safa et Marwa, ou ce qu’il en reste. Nous courons tout comme l’a fait la mère d’Ismaël, Hadjar (« l'expatriée »), dans l’espoir de trouver de l’aide auprès d’un caravansérail qui serait passé au loin. Cette esclave qui voulait sauver son fils des affres du désert, après que son amant et maître Abraham les a placés au cœur de cette vallée, obéissant ainsi à la volonté de Dieu exprimée par Sarah, sa femme, de ne pas laisser de demi-frère à son fils légitime, Isaac. Les chemins du Seigneur sont mystérieux et toujours bénéfiques à notre humanité : ainsi, une femme esclave, noire, migrante, fut à l'origine d'une tradition spirituelle parmi les plus importantes de notre histoire humaine connue. Méditant sur ces aphorismes, et sur les conséquences éthiques de tels actes posés par ces individus béni-es il y a de cela plusieurs millénaires, nous buvons à l’eau du puits de Zamzam : la source miraculeuse, la Lourdes des musulman-es, apparue selon la tradition après que l’archange Gabriel a frappé le sable de son talon, afin d’offrir à l’esclave illuminée et à son fils saint de quoi étancher leur soif. Une eau censée pouvoir guérir de toutes les maladies. Notre pèlerinage est désormais accompli, conformément à la tradition du Prophète . Exsangues, nous retournons à l’hôtel afin de nous rafraîchir. Avant de profiter de quelques heures de sommeil durant la matinée, nous retournons au Haram, à temps pour la prière de l’aube comme nous le conseil le Coran : فَاصْبِرْ عَلَى مَا يَقُولُونَ وَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ قَبْلَ طُلُوعِ الشَّمْسِ وَقَبْلَ غُرُوبِهَا وَمِنْ آنَاء اللَّيْلِ فَسَبِّحْ وَأَطْرَافَ النَّهَارِ لَعَلَّكَ تَرْضَى « Célèbre
les louanges de ton Seigneur
avant le lever et le coucher du soleil !
De manière générale, nos journées à la Mecque sont rythmées, tout comme à Médine, par la prière, les repas et le shopping. Certain-es d’entre nous sont tel-les des philosophes péripatéticiens des temps anciens, qui marchent dans les ruelles grouillant de monde de la ville sainte - oum al-qura, « la mère des cités » -, entre le Haram et notre hôtel, tout en discutant de métaphysiques et d’exégèse islamique. Certain-es parlent du verset du Coran traitant du statut des femmes en islam, qu’ils entendirent à plusieurs reprises lors de leur séjour durant la prière conduite par l’imam, ou en passant devant une boutique vendant des CD audio du Coran: ٱلرِّجَالُ قَوَّٰمُونَ عَلَى ٱلنِّسَآءِ
بِمَا فَضَّلَ ٱللَّهُ بَعْضَهُمْ عَلَىٰ بَعْضٍ وَبِمَآ أَنفَقُوا۟ مِنْ
أَمْوَٰلِهِمْ فَٱلصَّٰلِحَٰتُ قَٰنِتَٰتٌ حَٰفِظَٰتٌ لِّلْغَيْبِ
بِمَا حَفِظَ ٱللَّهُ وَٱلَّٰتِى تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَٱهْجُرُوهُنَّ فِى ٱلْمَضَاجِعِ وَٱضْرِبُوهُنَّ فَإِنْ أَطَعْنَكُمْ فَلَا تَبْغُوا۟ عَلَيْهِنَّ سَبِيلًا إِنَّ ٱللَّهَ كَانَ عَلِيًّا كَبِيرًا « Les hommes ont la charge et la direction des femmes en raison des avantages que Dieu leur a accordés sur elles, et en raison aussi des dépenses qu'ils effectuent pour assurer leur entretien … » (Coran : 4.34). Que nous entendions à plusieurs reprises ce verset durant notre ‘Omra du Tawhid n’est pas un hasard ; puisque c’est là un verset qui est trop souvent utilisé pour rabaisser, à tort, les femmes à un rang inférieur et qui parfois conduit certains musulman dogmatiques à justifier des violences physiques faites aux femmes, alors que d’autres interprétations sont possibles (cf. le travail d'Amina Wadud ou encore d'Asma Lamrabet à ce sujet). Nous palabrons également de ce terme, souvent utilisé dans le Coran, qu’Amina a croisé à plusieurs reprises au hasard de ces lectures du Coran durant notre ‘Omra. Il s’agit du terme fahisha - فحش -, qui serait cité à six reprises dans le Coran ; ce terme peut-être traduit par « abomination » ou « transgression grave des règles sociales », mais qui est traduit invariablement, par les musulman-es dogmatiques, par « homosexualité » ou « sodomie » ou encore « fornication », lorsqu’il s’agit de décrire toutes l’étendue des viols, vols, et crimes de piraterie commis par le peuple de Loth. Là encore, nous sommes tou-tes d’accord sur le fait que les préjugés de certain-nes exégètes influencent trop fortement la représentation, qui devrait être apaisée et universellement inclusives, que nous élaborons librement de notre héritage, culturel et spirituel, islamique. Quoiqu’il en soit à la Mecque, durant nos temps libres, nous avons pris nos habitudes dans l’immense centre commercial, surplombé d’un condominium luxueux de plus de 600 mètres, qui vient d’être bâti tout juste en face de la Mecque ; une énorme bâtisse parmi les plus haute au monde, surplombée d’une horloge aux couleurs criardes, d’un goût que peu d’entre nous apprécient. Mais c’est là sans doute le signe d’une modernisation nécessaire, contre laquelle nous ne pouvons rien. Certain-es d’entre nous fuient autant que possible ces espaces bondés de monde, afin de méditer face à la Ka’aba. Nous mettons un point d’orgue à prier tou-tes ensemble, le plus souvent à l’arrière de la grande mosquée et à l’étage ; ailleurs, la mutawwa - police religieuse - interdit formellement, et parfois violemment, aux hommes et aux femmes de prier ensemble. C’est là une bid’a - une innovation en matière d’islam - contre laquelle notre groupe à tenter à plusieurs reprises de s’inscrire en faux : nous avons tenter de prier la prière du coucher du soleil sur la cour central face à la Ka’aba, hommes et femmes de notre groupe tou-tes mélangées. Malheureusement, nous avons été chassé-es et certain-es ont même été poussé-es énergiquement par ces conservateurs qui n’ont pas de respect pour la dignité humaine. En effet, la police religieuse déploie des énergies incroyables pour imposer sa dogmatique sectaire et patriarcal au cœur même du saint des saints de l’islam. Ils semblent considérer qu’une certaine forme de violence serait autorisée afin de maintenir désormais une stricte ségrégation des sexes, qu'il y a encore à peine quelques années - ceux/celles qui sont déjà venu-es en pèlerinage à la Mecque en témoignent - n’avaient jamais été appliquée à la Mecque, de mémoire de musulman-es. Cette violence des conservateurs ne nous empêche pas de rester là, parfois des heures durant, bercé-es par cette formidable magnétisme positif issu de la Ka’aba, cela grâce à des millénaires d’adoration et de prières invoquées par des générations d’hommes et de femmes et d'adelphes de bonne volonté ; nous passerons six jours extraordinaires à la Mecque. Non loin du centre de la ville, nous visiterons également la grotte Hira sur le djabal Noor - « mont de la lumière » -, où le Prophète Mahomet avait l’habitude de s’isoler pour méditer loin des tumultes de la ville. C’est là que notre Prophète bien aimé aurait reçu le 17 du mois de Ramadan 611 AP.JC la première des révélations coraniques, qui le poussera à enjoindre, à partir de ce moment là et ce durant plusieurs décennies, ces frères et sœurs et autres humains à la connaissance, par le biais de la pleine conscience de cette parcelle de Divin lovée en chacun-e de nous : اقْرَأْ بِاسْمِ رَبِّكَ الَّذِي خَلَقَ خَلَقَ الْإِنسَانَ مِنْ عَلَق اقْرَأْ وَرَبُّكَ الْأَكْرَمُ الَّذِي عَلَّمَ بِالْقَلَمِ عَلَّمَ الْإِنسَانَ مَا لَمْ يَعْلَمْ « Lis
au nom de ton Seigneur qui a tout
créé, A la Mecque aussi, Amina Wadud a été invitée avant notre départ par la famille et les ami-es de la célèbre féministe saoudienne : Dr. Hatoon Ajwad al-Fassi. Le père du Dr. Hatoon, cheikh al-Fassi, est l’un des plus éminents maîtres du soufisme saoudien ; sa famille a été persécutée des années durant par le régime totalitaire des wahhabites. Amina, à son retour, nous fera un récit très chaleureux de ces deux jours qu’elle passera en compagnie de ces intellectuel-les saoudien-nes qui croient encore qu’un avenir meilleur, éclairé, loin des mythes et des superstitions machistes et patriarcales, sera un jour possible pour l’Arabie Saoudite et pour l’ensemble des musulman-es. Par ailleurs, l’un des membres de notre groupe, Mustapha, a décidé peu avant notre départ, de dédier un second pèlerinage de ‘Omra à sa défunte mère ; puisse Dieu accueillir son âme en Son infinie miséricorde. Nous l’accompagnons jusqu’au miqat des gens de la Mecque ; il s’agit de la très belle mosquée de ‘Aïcha, la préférée des femmes du Prophète Mahomet , aux encorbellements intérieurs superbement décorés de bois précieux finement sculptés. Mosquée
d'Aïcha Après nos ablutions, nous prions là puis retournons vers la Mecque où nous arrivons une fois encore juste à temps pour la prière du coucher du soleil. Mustapha accompli une fois encore les rites d’usage pour la ‘Omra à sa mère : les sept circonvolutions autour de la Ka’ba, le salue à la pierre noire, la prière derrière le mausolée d’Abraham, la course entre Safa et Marwa, la visite aux eaux de Zamzam. Puis le lendemain, le 18 juin 2012 - 28 Radjab 1433 de l’Hégire -, après avoir accompli notre tawaf al-wada’ - les circonvolutions de l’adieu à la Ka’aba -, nous quittons la Mecque par l’aéroport international de Jeddah, situé à moins de cinquante kilomètre de là, par le vol de sept heure du matin pour Paris. Une fois à l’aéroport de Charles-De-Gaulle, la plupart d’entre nous se séparent, le sentiment d’avoir vécu une expérience mystique, humaine, au-delà de nos espérances les plus positives. Amina Wadud nous quittera le lendemain pour retourner chez elle en Californie, à San Francisco. Certain-es d’entre nous partagerons par la suite le fait qu’en priant désormais ils ont dans leur cœur, tourné vers la Ka’ba, la vision chaleureuse de l’amour fraternel et sororal, prodigué aux uns et aux autres par l’ensemble des membres inclusifs de la première ‘Omra du Tawhid.
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Textes par Amina Wadud & L.Zahed Photos prises par Mustapha & L.Zahed Blog de voyage et photos éditées par L.Zahed Production du documentaire : CALEM, dans le cadre du programme INIMuslim ; Réalisation du documentaire : Ludovic-Mohamed Zahed et Qiyaamudeen Jantjies-Zahed Musique du documentaire (libre de droits, après autorisation de Hicham Chahidi datée du 3/09/2012 à 14h10) : http://www.musicscreen.be E-mail : islam.inclusive.2012@gmail.com & france.calem@gmail.com. ___________________ RETOUR HAUT DE PAGE |